Depuis une quinzaine d’années, l’idée s’est imposée que l’efficacité de l’action publique passait par un regroupement des personnes publiques. Aucun secteur n’est épargné par ce mouvement.
L’objectif est poursuivi de longue date dans le droit des collectivités territoriales puisque l’on enseigne généralement qu’il y a trop de communes en France, que le département est une strate inutile. L’intercommunalité et la commune nouvelle visent à répondre à l’éparpillement communal. Mais, le nombre des régions a également été réduit redessinant une carte largement artificielle alors que dernière-née des collectivités territoriales, la région souffrait déjà d’un manque de légitimité.
Mais, le mouvement n’est pas resté cantonné au monde local : les Universités, les chambres consulaires, les hôpitaux, les organismes de gestion du logement social sont visés par le même phénomène. Il est donc impossible de ne pas y voir un mouvement concerté.
Le présent ouvrage cherche à identifier sa logique. On décèle, tout d’abord, l’influence déterminante du new public management : l’efficacité et la recherche de l’économie doivent être obtenues par la constitution d’entités de grande taille.
On dispose désormais de suffisamment de recul pour affirmer que les économies espérées ne sont pas au rendez-vous. Plusieurs des contributions de cet ouvrage révèlent également les contradictions de cette politique de regroupement : conformément aux préceptes du new public management, il s’agit de donner une autonomie de gestion à des entités responsabilisées.
En pratique, il n’en est rien : l’agent est noyé dans une personne distante parce que tentaculaire. La décentralisation vantée masque une concentration aux mains de quelques managers (ou prétendus tels). La crise sanitaire l’a révélé pour les hôpitaux. Mais on pourrait, sans doute établir le même bilan pour les universités regroupées quinze ans après le vote de la loi LRU. L’ambition de cet ouvrage, œuvre essentiellement d’universitaires, mais pas seulement, est de dresser un bilan de cette politique.