La modernité nous présente un homme réduit à la dimension d’un sujet devant une nature ravalée au rang d’objet. Il faut sans doute remonter à la fondation de la culture occidentale pour repérer les premiers pas d’un homme qui repousse la nature pour mieux s’élancer à sa conquête et la dominer. La souveraineté a divisé la terre en communautés politiques, et elle nous apparaît surtout comme une affaire humaine. Les hommes s’imaginent passer des contrats entre eux ; ils s’arrogent tous les droits et ils laissent le monde à l’extérieur du projet politique ou avec le statut d’objet. Les scientifiques affirment aujourd’hui que nous sommes entrés dans une nouvelle période géologique : l’Anthropocène. L’action de l’homme modifierait le système terre. Et la nature effectuerait son retour parmi nous. Elle se dresserait devant nos projets de croissance, mot d’ordre des consommateurs, des chefs d’entreprise, des économistes orthodoxes et des décideurs politiques.
Beaucoup de questions se posent. Même la réalité d’un problème écologique est controversée. La crise que nous traversons est aussi politique et juridique. Quelle démocratie dans un monde où la nature cesse d’être une ressource inépuisable ? Quelle souveraineté si la séparation du sujet et de l’objet s’avère une impasse ? L’ouvrage se propose d’envisager quelques problèmes juridiques et politiques que soulève une modernité en délicatesse avec ses conditions de vie ou avec les représentations de « son » monde.