L’État Monarchique XIVe-XVIIe siècle

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ISBN : 9782271150554.
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“L’État, c’est la confluence majeure, la présence majeure. Hors d’Europe, il impose depuis des siècles ses lourdeurs insupportables.
En Europe, avec le xve siècle, il se remet résolument à grandir”, écrivait Fernand Braudel, ajoutant que : “l’État moderne déforme ou brise les formations et institutions antérieures : les États provinciaux, les villes libres, les seigneuries, les États de trop faible dimension”.
Comment à l’époque médiévale et moderne, cette entité, l’État, qui en vient à justifier l’exercice même du pouvoir (raison d’État) et désigne l’appareil administratif exerçant concrètement cette domination sur les populations, émerge-t-elle ?
Telle est la question que se propose d’examiner ce dossier de la Documentation photographique.
Au sens large, le concept d’État peut s’appliquer à des formes politiques anciennes reposant sur des principes très différents des nôtres (ainsi Bruno Dumézil parle-t-il de “l’État barbare” au sujet des royaumes succédant à l’Empire romain en Occident). Plastique dans ses formes historiques, l’État l’est plus encore dans l’esprit des historiens, pour qui il est souvent simplement un terme pratique leur permettant d’évoquer le gouvernement des hommes à travers des institutions plus ou moins stabilisées et des agents qui servent d’intermédiaires entre le pouvoir central et les gouvernés.

Dans ce dossier, c’est sur une forme particulière d’État que sera centré le propos : l’État monarchique, qui émerge autour du roi à partir du xiie siècle, avec une accélération à partir du xive siècle – ce qui explique le point de départ choisi dans ce volume. Contrairement à des représentations courantes, l’État ne se caractérise pas par une permanence, de siècle en siècle, ni par une continuité. Aussi, ce dossier étudie ses variations, ses incarnations successives, parfois parallèles, qui s’inscrivent toujours dans des contextes particuliers.

L’État monarchique s’est imposé dans un royaume où d’autres types d’institution étaient possibles et dans un Occident chrétien où d’autres formes de gouvernement des hommes existaient (empires, cités, etc.). En Europe, l’expérience française est spécifique, clairement distincte de la façon dont les pouvoirs centraux s’exercent en Espagne ou en Angleterre.
Dans la monarchie composite espagnole à la fin du xvie siècle, géographiquement dispersée, le roi, pourtant légitime possesseur de chacun des territoires, n’y exerce pas le même type de domination et doit jurer de respecter les fueros (privilèges) d’Aragon ou de Catalogne. Quant à la monarchie britannique, son évolution après le Bill of Rights de 1689 apparaît inverse à celle du régime louisquatorzien, avec un roi aux prérogatives limitées par le Parlement.

Nous avons choisi d’accorder une large place aux manifestations concrètes de l’État : les “micro-actes” de pouvoir intégrer au quotidien des Français sont en effet fondamentaux, car ils rendent l’État visible de la population. Aussi, en privilégiant une approche pragmatique, nous avons voulu montrer comment le “fonctionnement vrai des institutions” (Denis Richet) interagit avec une société qui ne saurait se réduire à un simple réceptacle passif des décisions prises par le pouvoir central.