Chaque État se dote d’une politique juridique extérieure, c’est-à-dire d’une politique relative aux « aspects juridiques des relations internationales ». Il détermine ses choix juridiques au regard de ses intérêts politiques, construit la cohérence de son action internationale sous ce prisme. Particulièrement identifiable dans la formation et l’interprétation du droit international, cette politique se déploie plus largement et conduit notamment les États à n’accepter que de manière restrictive la compétence d’un tiers, en particulier lorsqu’elle est obligatoire. Telle est la démonstration menée dans l’ouvrage aujourd’hui réédité.
Écrit au début des années 1980, à une époque où les nouveaux États nés de la décolonisation ont pris place sur la scène internationale et prétendent redessiner un droit international qui prendrait mieux en compte leurs intérêts, alors que l’opposition idéologique entre États occidentaux et États socialistes est au plus fort, le livre de Guy de Lacharrière se place du point de vue des États. Il donne à voir la manière dont chacun d’entre eux utilise le droit international et tend à l’orienter à ses fins. Quarante ans plus tard, le contexte international a changé. La société internationale accueille une plus grande diversité d’acteurs, des entreprises aux organisations non gouvernementales, elle s’empare d’enjeux plus divers et globaux, de la lutte contre le terrorisme à la protection de l’environnement. Les nouveaux acteurs tentent à leur tour d’imprimer leur marque au droit international, usant de stratégies d’influence, dont certaines visent à orienter l’action des États. Le concept de politique juridique extérieure demeure pleinement pertinent et, aujourd’hui comme hier, les États sont les auteurs d’un discours sur le droit international qui vise à légitimer leur position.
À l’initiative de l’Ifri, l’ouvrage a fait l’objet d’une première édition chez Economica, en 1983. Nourri de l’expérience internationale de son auteur – Guy de Lacharrière a été directeur des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères français puis juge à la Cour internationale de justice –, il offre une clef de compréhension des relations internationales. Sa réédition permettra aux universitaires, aux étudiants en droit et science politique, aux curieux de relations internationales et de droit international, de découvrir ou de redécouvrir un livre important. Elle est précédée d’une préface de François Alabrune, ambassadeur de France aux Pays-Bas et ancien directeur des affaires juridiques du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et d’une présentation de Frédérique Coulée, professeure de droit public à l’Université Paris-Saclay.
