Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c’est que le plaisir de vivre. » Cette célèbre phrase de Talleyrand témoigne du vent de liberté qui souffle chez les élites à la fin de l’Ancien Régime.
À la cour comme à la ville, les idéologies s’affrontent autour d’une monarchie vacillante, non sans créer quelques divorces politiques parmi les couples aristocratiques. Il en est ainsi de celui que forme Marie Charlotte Bontemps (1761-1848), dernière rejetonne d’une puissante dynastie de premiers valets de chambre du roi, avec le comte de La Châtre. Mariée très jeune à l’héritier de l’une des plus vieilles familles de France, c’est justement auprès de Talleyrand qu’elle trouve du réconfort, avant de succomber au charme du séduisant comte de Jaucourt.
Ce nouveau « couple » embrasse les idées neuves et libérales de la monarchie constitutionnelle, et s’engage favorablement dans la Révolution. Sa trajectoire illustre de nombreux aspects de la condition féminine et les grandes étapes que peut connaître la vie conjugale (adultère, bâtardise, séparation de biens, divorce…).
Du règne de Louis XVI à la Seconde République, celle qui deviendra la marquise de Jaucourt, tout en étant en marge de la grande histoire, n’est pas moins représentative d’une caste sociale et a tout d’un roman. Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, elle incarne parfaitement toutes les aspirations d’une jeune fille « bien née » et avide de libertés.