Le rôle des femmes dans la société grecque a fait depuis quarante ans l’objet d’une profonde réévaluation. L’analyse du système de genre en tant qu’élément déterminant des relations sociales a permis de repenser la construction des rapports hiérarchiques, des rôles sociaux et des formations de stéréotypes et de restituer à la femme un rôle dans l’histoire politique, sociale, religieuse et culturelle des cités grecques. De ce fait, l’histoire de la famille est également sortie de la sphère purement privée et ne repose plus sur des oppositions binaires qui attribuent des caractéristiques fixes à chaque genre. Les changements dans les relations privées entre époux sont susceptibles d’être interprétés comme des adaptations aux conditions politiques et sociales d’une époque, qu’elles contribuent en retour à modifier.
L’ouvrage met en lumière plusieurs aspects de ces transformations à l’époque hellénistique : dans l’administration du patrimoine familial, où les femmes jouent un rôle plus visible ; dans l’espace public où se multiplient les monuments honorifiques et les fondations par lesquels les familles se donnent à voir ; dans les stratégies de légitimation et de représentation de soi des nouvelles dynasties, où les reines tiennent une place centrale. La visibilité nouvelle acquise par les femmes dans ces contextes éclaire les nouveaux équilibres résultant de l’intégration plus poussée des familles dans la vie publique et met ainsi en lumière tout un pan de l’histoire sociale de l’époque hellénistique.