Dans ce premier roman, Hwang Jungeun raconte l’histoire d’amour singulière de deux employés d’un marché d’électronique sur lequel plane un risque de démolition. Parallèlement à la relation qui se tisse entre Mujae et Eungyo, l’autrice met en scène d’autres personnages plus ou moins marginaux et dépeint une société cruelle au sein de laquelle règne l’indifférence et la solitude.
Le fantastique est au cœur de l’œuvre. Les êtres sont affectés par un phénomène inquiétant : leur ombre se « lève » et se retourne contre eux, cherchant à les posséder. L’émancipation des ombres se produit toujours dans un moment de faiblesse, si bien que le langage apparaît toujours biaisé, détourné, ce qui permet d’esquiver la violence et la normalisation du monde.
Mieux qu’une simple histoire d’amour, l’autrice évoque avec sensibilité une relation, douloureuse et courageuse, en évitant tous les clichés. Mujae et Eungyo résistent ensemble à l’inhumanité qui les environne, et leur lien apparaît comme une esquisse de communauté possible au sein d’un monde atomisé.