Pari réussi entre esthétisme et efficience, les papillons sont de merveilleuses machines volantes. Malgré leur aspect délicat et la fragilité de leurs ailes écaillées, ces insectes populaires sont étonnamment robustes. En les voyant butiner une lavande ou un origan, si frêles et papillonnant, on pourrait craindre que le premier coup de vent les emporte… En réalité, ces as du vol sont capables de parcourir des milliers de kilomètres pour fuir la rigueur de l’hiver de nos latitudes et retrouver le soleil dans le Midi ou en Afrique. Se lancer au-dessus de la mer, les ailes déchirées par un été de vrilles et virevoltes dans nos jardins et nos bois, pour aller léguer son héritage au Sud, il faut le faire ! Saviez-vous que certaines espèces passent l’hiver en somnolant dans un lierre ou un cabanon de jardin, protégées par un antigel fait maison ? Et que, dans le grand bal des papillons, d’autres ne dansent que quelques jours sans se nourrir car ils misent leur brève existence sur l’accouplement et la perpétuation du cycle de vie ?
Pourtant, si ces mini-superhéros relèvent les défis de leur existence en nous émerveillant, ils ne peuvent rien face à l’urbanisation, aux changements climatiques, à l’usage des pesticides… L’empreinte écologique humaine grandit et les écrase. Un peu partout, silencieusement, ces admirables insectes aux ailes en pétales disparaissent dans l’indifférence du monde. Il est temps d’éveiller les regards.